Les risques psychosociaux associés au télétravail : un éclairage utile par la récente étude de la DARES Les risques psychosociaux associés au télétravail : un éclairage utile par la récente étude de la DARES

Si le télétravail, désormais pratiqué par 26 % des salariés (donnée 2023), est perçu favorablement par ceux qui le pratique (réduction des temps de trajets, meilleure articulation entre la vie professionnelle et la vie privée, gain d’autonomie), il engendre néanmoins des risques pour la santé mentale et physique des salariés.

Une étude de la Direction de l’Animation de la Recherche, des Etudes et des Statistiques (Dares) publiée le 27 mars 2025 identifie trois grandes catégories de risques psychosociaux induits par le télétravail :

La distanciation des rapports sociaux et la complexité d’organiser le travail

Cette distanciation se matérialise :

Vis-à-vis de la hiérarchie : des questions spécifiques de leadership, de supervision et de gestion peuvent affecter le bon fonctionnement des équipes et la réalisation des objectifs. La distance entrave la communication entre les salariés, réduit les échanges et limite le partage d’informations essentielles au bon déroulement des tâches. Elle favorise une demande accrue de reporting, génératrice de stress et l’apparition de malentendus liés à un recours accru à des formes de communication (courriels, messages instantanés, sms) qui sont sans nuance.

Vis-à-vis des collègues de travail : le télétravail réduit les moments informels du quotidien alors qu’ils jouent un rôle important dans la cohésion d’équipe. Les besoins de coordination et d’échanges d’information augmentent de même que celui de gérer des flux d’information différenciés. Un lien est fait par ailleurs entre télétravail et isolement, la solitude prolongée entrainant un sentiment de déconnexion sociale et in fine une diminution du bien-être émotionnel.

L’intensification du travail

Cette intensification se manifeste, selon l’étude, de trois manières :

  • L’augmentation de l’amplitude des horaires de travail: la réduction des déplacements quotidiens peut conduire à un allongement de l’amplitude des journées de travail notamment si le salarié adapte ses horaires à son environnement en travaillant lorsque celui-ci est plus calme (tard le soir, tôt le matin) ou en gérant ses contraintes familiales ;  cette flexibilité présente un risque de créer des « déphasages par rapport aux rythmes de vie familiale et sociale ».
  • La complexification de la gestion de la charge de travail matérialisée par des mécanismes de « redevabilité » : le travailleur à distance ressent parfois la nécessité de prouver sa productivité et sa disponibilité tout au long de la journée.
  • L’amplification de l’hyperconnectivité pouvant aboutir à une surcharge informationnelle: le travail à distance expose le salarié à une surcharge informationnelle, en l’obligeant à s’appuyer sur les technologies numériques pour communiquer avec sa hiérarchie, ses collègues, des clients… Les multiples canaux de communication et la réception continue d’informations sont des sources d’interruption compromettant la concentration.

La difficulté d’articuler les temps personnels et professionnels

Si le télétravail apporte une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle, la réalité se révèle plus complexe du fait du brouillage des lignes de séparation entre la sphère privée et la sphère professionnelle :

  • brouillage des frontières et interférences avec la vie familiale, que ce soit temporel (fragmentation des horaires qui perturbe le rythme naturel de la journée) ou spatial (organisation imparfaite de l’espace de travail qui a des conséquences sur les membres du foyer),
  • risque de réassignation des femmes au domicile avec une hausse du travail domestique et de la charge mentale,
  • risque accru de violences domestiques. 

Le télétravail est donc source de risques psychosociaux, à la prévention desquels l’entreprise doit s’attacher dans la mesure des modalités d’organisation qui lui incombent. Ces risques posent la question d’une mise à jour des accords et chartes organisant le télétravail, et du document d’évaluation des risques professionnels (DUERP).

actance est à votre disposition pour échanger sur l’opportunité d’une mise à jour de vos documents internes permettant l’identification et la prévention des risques psychosociaux associés au télétravail.