Les pratiques managériales françaises sous le feu de la comparaison avec ses voisins Européens Les pratiques managériales françaises sous le feu de la comparaison avec ses voisins Européens
Dans un rapport mis en ligne le 19 mars 2025, l’Inspection générale des affaires sociales (l’IGAS) dresse un constat mitigé sur les pratiques managériales françaises comparées à celles de quatre de ses voisins Européens (Allemagne, Irlande, Italie, Suède) dans les secteurs de l’automobile, l’hôtellerie-restauration, le digital et l’assurance.
Pour les auteurs du rapport « les politiques managériales exercent une influence non seulement sur la qualité de vie au travail et les conditions de travail des salariés mais produisent également, outre un effet sur la performance des entreprises, des effets sur les politiques sociales que l’on peut mesurer via le taux d’emploi, le recours au régime d’assurance maladie, l’absentéisme, le sentiment de perte de sens au travail et donc in fine risque de retrait, le turnover ».
A l’aune de ce postulat, les auteurs constatent que les classements internationaux placent le plus souvent la France dans une position « moyenne, et parfois médiocre ».
Sont notamment pointées :
(i) des pratiques managériales très verticales et hiérarchiques
(ii) une reconnaissance du travail – item déterminant de la qualité du management -, beaucoup plus faible que dans les autres pays de la comparaison
(iii) la formation des managers très académique et peu tournée vers la coopération.
Les auteurs du rapport dressent ce constat sévère tout en relevant un « paradoxe français » puisque de tous les pays étudiés, la France est celui disposant des instruments légaux d’actions, certes indirectes, sur le management les plus complets (via le droit d’expression directe des salariés, la négociation obligatoire en matière de QVTC).
Sur la base de ces constats, le rapport note l’existence d’un contexte favorable au changement des pratiques managériales lié notamment :
– à l’existence d’un consensus sur la réalité d’une crise du sens du travail,
– au développement de l’apprentissage, y compris dans l’enseignement supérieur, qui conduit à une modification en profondeur des modes de formations des managers et donc de leurs pratiques managériales,
– à une demande partagée d’évolution des pratiques managériales.
C’est dans ce contexte que les auteurs du rapport proposent deux types de mesures :
des mesures qui visent à soutenir un environnement de travail propice à des pratiques managériales positives telles que :
promouvoir la politique managériale dans les entreprises via l’adoption d’un ANI ou en lançant, un programme national de soutien à l’innovation managériale et à la qualité de vie au travail, fonctionnant par appels d’offres, sur le modèle du « future of work » allemand,
intégrer dans les formations des managers des éléments incluant une vision innovante du management ainsi que la maîtrise de l’ingénierie du dialogue social et du dialogue professionnel avec le soutien de partenaires tels que l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT) tout en continuant à s’appuyer sur l’apprentissage comme un des modes de formation des managers,
renforcer l’accompagnement des managers en étendant les missions de l’APEC non seulement au conseil des cadres en tant que salariés, mais également à du conseil sur le contenu de leur pratique professionnelle de management,
intégrer la qualité des pratiques managériales dans les objectifs poursuivis par la négociation de branche et d’entreprise.
des mesures visant à rénover le cadre juridique dans lequel s’inscrivent les pratiques de management en France telles que :
inscrire les pratiques managériales dans les thèmes de la négociation sur la QVCT et/ ou parmi les orientations stratégiques sur lesquelles le CSE est informé et consulté périodiquement,
transformer le droit d’expression directe en un droit au dialogue professionnel dans les entreprises,
étendre les pouvoirs du CSE en matière d’organisation du travail,
réévaluer la représentation des salariés dans les conseils d’administration et les conseils de surveillance,
expérimenter des mécanismes juridiques formalisés de prise en compte des besoins des salariés en matière de conciliation vie professionnelle / vie familiale.
Ce rapport pourrait inspirer des amendements à l’occasion, par exemple, de la transposition législative d’un ANI.
actance veille pour vous !